Dégustation "Millésimes jeunes et Carafage"

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- Palette Château Simone blanc 2006 (6,4 sur 10)

- Saint-Joseph Domaine Gonon blanc 2006 (6,1 sur 10)

- Côtes du Roussillon Villages Clos des Fées 2005 (6,6 sur 10)

- Coteaux d'Aix Château de Revelette Grand Rouge 2005 (6,2 sur 10)

- Minervois Domaine de l'Oustal Blanc Maestoso 2005 (8 sur 10)

- Pomerol Château Nenin 1959

- Sauternes Château La Tour Blanche 1995

Le résumé

Le thème de cette soirée de rentrée consistait à déguster des bons vins de garde sur un millésime qui n'est pas encore tout à fait prêt (2005 pour les rouges et 2006 pour les blancs) et de constater les effets du carafage.

L’expérimentation avait lieu à Saint-Paul, où nous étions accueillis par la CaZo'Vins. Le cadre y était, la boutique d’Hervé et Sophie se prêtait parfaitement à l’exercice. Très studieux, sans se laisser distraire par les magnifiques flacons exposés à la vente et sublimement mis en valeur par les négociants, nous avons pris place autour du « bar à vins » qui accueillait sans soucis le 14 convives.

Rapidement, Serge, chef de soirée (mais pas SAM !...) nous a présenté les objectifs de la réunion : Nous devions utiliser 2 flacons de chaque vin, un ouvert et mis en carafe plusieurs heures auparavant, l'autre ouvert au moment de servir. Les vins sélectionnés pour cette expérience étaient ;

- Palette Château Simone blanc 2006

- Saint-Joseph Domaine Gonon blanc 2006

- Coteaux d'Aix Château de Revelette Grand rouge 2005

- Côtes du Roussillon Villages Clos des Fées 2005

 - Minervois Domaine de l'Oustal Blanc Maestoso 2005

Dans de nombreux ouvrages de vulgarisation de la dégustation d’un vin, se pose la question de savoir s’il faut aérer le vin, le décanter ou le servir librement. En principe, elle se pose essentiellement pour les vins rouges. Nous avons voulu aller plus loin, et nous la poser également pour les blancs.  

Les vins étaient sélectionnés sur des domaines qui élèvent ces cuvées de telle manière qu'elles se bonifient après quelques années, mais pas trop quand même, de sorte que le millésime proposé ne soit théoriquement pas prêt à boire mais que le carafage puisse compenser cette relative jeunesse.

Habituellement, nous nous soumettons à l’exercice des arômes avant de commencer, cela nous amuse beaucoup et détend trivialement l’atmosphère sans pour autant gâcher le sérieux de la réunion. Cela s’appelle de la pédagogie… Vendredi dernier, l’exercice de « mise en bouche » consistait à déguster dans des verres noirs un vin surprise, sans savoir s’il était blanc ou rouge, afin d’éviter les « parasites de dégustation » comme tous ces à priori que l’on conserve dans notre inconscient.

Perdu… pour cette fois... car, très rapidement, l’assemblée (et même les moins attentifs) a reconnu, à l’unanimité un blanc. On sentait le bois à fond, si bien qu’il a été difficile de le reconnaître : C’était une petite révision de la soirée Corse : Patrimonio « Orenga de Gafory 2006 ».

Le premier test étant passé brillamment, les papilles entraînées et réveillées, il fallait attaquer les exercices.

 * 1^er vin : Palette Château Simone blanc 2006

Un flacon avait été ouvert 5 heures auparavant, l’autre devant nous.

Cet AOC Palette, composé de Clairette à environ 80%, de grenache blanc à 10% et d’un peu d’Ugni blanc (8%) est considéré en Provence comme un seigneur. Même si la famille Rougier s’en sépare pour des raisons semble-t-il « économiques ». Des américains auraient racheté… à voir....

Dans la carafe, le liquide semble plus ambré, mais dans le verre, il garde la même couleur. L’exercice prouvera au moins qu’au niveau de la présentation, Simone revêt une robe plus éclatante en service carafé. C’est le soucis des bourgeois !

C’est un vin donné pour être gardé jusqu’en 2012. Alors, comment se comporte-t-il lorsqu’on l’ouvre et le carafe avant l’heure ?

Au nez, il dégage plus de vanille et de caramel. Il est plus souple, plus rond, un peu moins amer. Au nez, tout cela n’est pas flagrant mais en bouche, nous le ressentons bien. Le carafage, aura eu pour but de lui enlever un peu d’acidité, même si le risque est grand de lui enlever ses arômes les plus fugaces.  En conclusion, pour ce Château Simone, tout dépendra de la façon dont on désire le déguster. Nous, nous étions d’accord pour en ouvrir 2 à chaque fois ! Comme cela, on pourrait « optimiser » les arômes… Dans nos vies pressées où tout doit être multiplié, pourquoi ne pas l’appliquer EGALEMENT au plaisir ? Romain semblait d’accord et rêvait déjà d’un petit foie gras poêlé avec un secret d’accompagnement maison… peut-être à l'occasion d'une prochaine dégustation... mais chut, passons au second blanc de la soirée.

 * 2^nd vin : Saint-Joseph Domaine Gonon blanc 2006

Le magnifique Saint-Joseph du Domaine Gonon, accompagné des petits feuilletés de Sophie. Marsanne et Roussanne, pour 80 et 20%.

« On ne sent rien sur la carafe » se plaint Thierry. S’il n’a pas un nez extravagant, on perd le vin, de l’avis général. Pour ce deuxième vin, et dans ce cas précis, l’expérience montrera que le carafage est inutile et sans intérêt.

Par rapport au Château Simone, ici, l'effet est négatif : le vin est « tué » en carafe. Il perd des arômes, devient amer, on sent l’alcool. L’ouverture lui aura été fatale, trop longue peut être,  mais en tous les cas, néfaste.

« Saint Jo » en bouteille  aura au moins eu l’avantage de nous laisser apprécier les petits feuilletés au fromage, mais imaginer aussi des Saint Jacques dorées à la crème ou  persillées à la coriandre fraîche.

En deuxième partie, les rouges.

 * 3^ème vin : Côtes du Roussillon Villages Clos des Fées 2005

J’en suis tombée amoureuse ! Et qui dit que le vin n’est pas une histoire de cœur ? Pas moi. Je l’ai trouvé génial. Mais je ne suis pas devant mon ordi pour vous donner mon avis, mais pour résumer la soirée et les avis de tous.

La carafe a libéré sa vanille, son nez aromatique concentré sur les fruits noirs est mis en puissance. Les fées ont préféré prendre de l’air. Plus rond, plus fondu, velouté même, équilibré. Pour lui, l’aération aura été une réussite. 

 * 4^ème vin : Coteaux d'Aix Château de Revelette Grand Rouge 2005

Une association de 3 cépages bien différents : Grenache, Carignan et Cabernet Sauvignon. Pour cette grande cuvée, l’alcool reste trop présent, le vin est agressif. Nous en concluons que les 5 heures de carafage ont été largement insuffisantes. L’influence du carafage ne se sent pratiquement pas, il n’y a presque aucune différence dans les verres. Un nouvel essai s'impose, avec ouverture la veille.

 * 5^ème vin : Minervois Domaine de l'Oustal Blanc Maestoso 2005

L'Oustal Blanc a encore frappé ; meilleur vin de la soirée, il l'était déjà avec sa cuvée "domaine" 2005, lors de la soirée du 26 octobre 2007 ! En carafe le nez du Maestoso est exalté, une fois bien aéré ; la finale est encore plus longue, même si tout le monde ne l’a pas ressenti de façon très marquée. En revanche, il a beaucoup perdu de ses arômes de caramel. Sur la bouteille, ce vin est une vraie merveille ! Très prenant dans la bouche, il est finalement plus complexe lorsqu'on le laisse dans son flacon d’origine. Tiens, nos verres étaient déjà vides ? Personne n’a craché ? Ben non ! C’était pour pouvoir profiter des arômes de « Havane » du verre vide... ; ce qu’on aura au nez et en bouche dans 10 ans… une merveille je vous dis ! On se donne rendez-vous ? Patrick Bruel l’a déjà fait avant nous, mais on peut essayer !

Avant de se séparer, nous avons eu droit au traditionnel exercice de clôture sur deux bouteilles à l'aveugle : dégustation + recherche du cépage, puis de l’année et… plus si affinités !

Dans nos verres, vraisemblablement un vin vieux, très aromatique, de cheval et de cuir… mais qui s’en va vite une fois en bouche. « Un Bordeaux », j’entends autour de moi, « libournais » ?

Une mauvaise année ? Meunon ! Si c’était le cas, nous l’aurions déjà bu ! Pas faux ! Donc vin très vieux… Pomerol…

 * Pomerol Château Nenin 1959

Il pouvait aller plus loin encore ? Non, il est parti ; depuis peu certes, mais parti… mais présente tout de même encore de beaux restes.

Et la DER de DER : passé 22 heures, tenue de soirée conseillée. Un blanc liquoreux , une belle robe de satin doré pour s’approcher de minuit. Un nez de Sauternes, de rôti (pas celui de grand-mère, celui de l’amande !), d’abricots et de fruits confits, très complexe. Nous avons là un petit bijou, pour partir les papilles exaltées et excitées... comme d’hab ! Une très belle bouteille, un 1^er cru 85 ?… et bien non : 95 !

 * Sauternes 1er Cru La Tour Blanche 1995

Et voilà, ensuite, la soirée s’est lentement étirée vers la nuit ; nous avons passé beaucoup de temps à discuter,  peut être sans le vouloir, pour laisser à notre vedette de la soirée, « Maestoso », le temps de nous esbroufer encore un peu plus. Il prendra encore quelques points après quelques heures, en effet, tant son évolution en carafe et dans quelques verres non terminés (je ne sais pas où on les a trouvés ceux là !) était spectaculaire. Il n’a pas bougé en carafe, alors que dans les verres il a lentement évolué.

Nous en avons donc conclu que : 1 heure dans le verre = 5 heures en carafe.

Dans cette équation scolaire et mathématique, il faudra rajouter un paramètre important, qui risque de rendre nulle l’expérience : le paramètre « capacité à résister ». Comment faire, en effet quand devant nous, se place un récipient aussi tentant, pour arriver à le garder 1 heure sans y porter la bouche ?

Celui ou celle qui nous apportera la réponse, sera le bienvenu ! Bises à tous, à bientôt.

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