Dernière modif : 20/03/09

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VENDREDI 20 FEVRIER 2009
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Dégustation Châteauneuf du Pape

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- Châteauneuf du Pape Beaucastel 2002 (7,4 sur 10)

- Châteauneuf du Pape Tardieu Laurent 2004 (6,6 sur 10)

- Châteauneuf du Pape Eddie Féraud 2005 (7,4 sur 10)

- Châteauneuf du Pape Marcoux 2005 (7 sur 10)

- Châteauneuf du Pape Janasse Chaupin 2005 (8,5 sur 10)

- Châteauneuf du Pape Tardieu Laurent Vieilles Vignes 2006 (6,5 sur 10)

- Châteauneuf du Pape Tardieu Laurent Cuvée Spéciale 2006 (6,6 sur 10)

- Châteauneuf du Pape Henri Bonneau 2001 (7,3 sur 10)

- Barsac Domaine De Luze 1947
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Le résumé

Nicolas et Jean-Philippe en compositeurs virtuoses, nous ont orchestré un grand opéra, une très belle soirée, dans  un cadre sublime, avec des stars et des découvertes… Un « prime time » comme on les aime chez I.V.V !

En ouverture, une belle envolée, façon « flûte enchantée » : le groupe a pu se mettre en appétit avec un « Chablis 1er cru » de 2004 que Lionel nous avait apporté (hors compétition, donc). Lumières dans nos verres et équilibre en bouche, sur des arômes de citron. La brioche que l’on ressent fréquemment était tartinée de miel qui était plus flagrant, pour renforcer le plaisir de ce pur sang, cent pour cent Chardonnay, bien sur.

Nous avons pu alors souhaiter la bienvenue aux nouveaux, très nombreux ce soir là. Nous souhaitons franchement qu’ils aient passé une bonne soirée.

Avant de remplir nos alignements de verres, Nico nous a présenté un peu la région :

A.O.C Chateauneuf-du-Pape fait partie de cette multitude d’appellations de la Vallée du Rhône qui, du Grand-Hermitage au plus modeste Côtes du Ventoux, donne naissance à des vins rouges ou blancs ne manquant jamais de couleur ou de saveurs. Leurs parfums sont variés, les arômes de fleurs et de fruits s’y retrouvent mêlés à ceux des épices qui gagnent en complexité et en opulence lorsqu’ils vieillissent. Chateauneuf-du-Pape est l’appellation la plus vaste des Côtes-du-rhône ; elle s’étend sur 3200 ha.

Treize, comme le nombre de desserts de Noël de la région, treize cépages sont autorisés dans l’élaboration du vin : le Grenache, la Syrah, le Mourvèdre… et les autres. Je ne les citerai pas tous ici ; mais le principal est le Grenache qui donne le gras, la générosité, la charpente et les parfums épicés. L’architecture de notre opéra de ce soir ! La mélodie, emportée par les basses et les percussions, sera donnée plutôt par la Syrah, qui donne au Chateauneuf-du-Pape sa structure, sa couleur et ses parfums. Normal, c’est un féminin ! Tels les instruments à corde, le Mourvèdre ajoute de la finesse, de la complexité et un grand potentiel de vieillissement. Les autres cépages ont été un peu oubliés. Autour d’Avignon, c’est un océan de vignes qui se déploie. Chateauneuf-du-Pape en émerge comme une île. C’est un des premiers vins français à avoir reçu le statut d’A.O.C. Le sol est d’une extrême pauvreté, composé de gros galets roulés par la Durance et le Rhône, à la surface lisse ; il accumule la chaleur de la journée et la retransmet la nuit. Voir les ceps plantés à un mètre les uns des autres, bien calés sur leurs galets chauffés à blanc, secoués par le mistral,  assourdis par les cigales et baignés du parfum de la garrigue environnante aide à réaliser combien ce vignoble est exceptionnel !

La production avoisine aujourd’hui les 110 000 hl vinifiés et commercialisés à 93 % par les propriétaires récoltants. Moins de 10 % sont des vins blancs. C’est par eux que nous avons commencé la dégustation ce soir là.

En première partie, voici une mélodie soprano sur un « Domaine Beaucastel 2002 ». Les vendanges sont faites à la main et 30% du vin est fermenté en barriques, le reste travaillé dans des cuves inox thermo régulées. Sa robe est pâle avec des reflets verts. Le nez est très net sur les fruits jaunes, le miel et la crème fraîche. La bouche ronde et souple permet d’apprécier une finale fraîche et une belle minéralité. Ce vin parfumé et pur, bien équilibré, associe admirablement ses racines méditerranéennes et la proximité de la région septentrionale, qui lui donne une fraîcheur bien agréable. Oui, il existe de très bons blancs en Chateauneuf-du-Pape, leur prix est assez élevé (entre 40 et 50€), mais leur dégustation, sur du homard, des poissons fins ou de la volaille, permet de découvrir de belles sensations gustatives.

On continue sur les mélodies aigues avec un « Chateauneuf-du-Pape vieilles vignes 2004 » de la maison Tardieu. Négociant en vins, Michel Tardieu a noué des relations avec des vignerons auxquels il achète le vin avant de l’élever lui-même en fût. C’est pour cela qu’il lui est souvent reproché de proposer des vins trop boisés. Ce soir, nous avons dégusté une belle équation : - de boisé à + de finesse à + de classe ! Une belle preuve de réussite qui n’emporte cependant qu’une faible note de 6,6 sur 10. Sa robe est d’or, son nez de miel et de fleur d’acacia. Dès son entrée en bouche, il montre sa richesse et son côté gras. Il faut aimer ; même blanc, il garde sa charpente du terroir qui peut déranger le dégustateur. Mais il accompagnera à merveille des Saint-Jacques rôties ou des rougets en tartine, ainsi que des cèpes en gaspacho… osez-le vous n’en serez pas déçus !

Belle comparaison entre ces deux là dans nos verres… Ici la partie révèle une histoire du lièvre et de la tortue. Le 2002, à droite est plus âgé, plus coloré. Il répand l’odeur du miel dans nos narines et fait penser à ces vieux vins du Roussillon. Très typé, aromatique, il se place en conquérant de nos papilles. L’autre, le 2004, se présente d’abord plus discrètement, se faufile tout d’abord derrière le boisé. Mais, si on attend un peu, il se révèle plus fin et plus équilibré en bouche. On y reste après, même on y revient volontiers. L’accord se réussit mieux sur l’entrée proposée : « le petit Chevrot couché en mâche bronzé sous l’acacia ».

Après l’entracte, nous passons à la deuxième partie de l’opéra… Partition pour tous les instruments, y compris les percussions : les rouges entrent dans la danse ! Pas moins de 5 vins nous sont proposés ! Et des meilleurs !

Le premier est carafé, servi avec de la charcuterie fine. Voici un « Chateauneuf-du-Pape Eddie Ferraud 2005 » C’est un exemple de bon rapport qualité-prix. Une bonne surprise qui remporte 7,4 sur 10. Il s’agit d’un petit domaine familial de 5 ha dont les parcelles se situent à proximité de celles du fameux « Château Rayas ». Son nez est frais, sa robe pourpre. Toujours formidablement savoureux ce Châteauneuf, issu de vielles vignes aux plans mêlés sur un terroir de sable : une teinte rouge profonde des parfums très mûrs et complexes de tabac, poivre et pastèque (si si !) En bouche, la chair est dense, puissante et soyeuse, enrobant voluptueusement des tanins crémeux. La longue finale sur le cacao et le menthol est rafraichissante ; elle met un joli point d’orgue à l’émotion d’ensemble.  Très fin, il est composé en majorité de grenache. Visiblement, ce vin a une bonne structure pour vieillir.

Nous suivons sur un « Chateauneuf-du-Pape Domaine de Marcoux 2005 » C’est un vin plus viril, fait pour être gardé. Les deux sœurs Armeniers vendangent manuellement leurs vignes et sont à la tête de ce domaine vieux de Sept cents ans et toujours dans la famille. Leurs parcelles sont disséminées dans plusieurs quartiers de l’appellation et bénéficient de toutes les nuances du terroir. Bien entendu, leurs méthodes de vinifications sont empiriques et traditionnelles. Du coup, la réglisse, le cacao  et la prune se révèlent en arômes majeurs bien que, personnellement, j’y sente de la framboise… ce qui ne l’a pas empêché d’obtenir 7 sur 10, preuve de sa capacité à surprendre !

Envolée lyrique sur le vin suivant : une des stars de la soirée avec ce « Chateauneuf-du-Pape domaine de la Janasse, cuvée Chaupin 2005 » : Pur sang grenache, c’est un vin très viril, présentant un fort degré d’alcool. Un haut de gamme, peut-on dire. Son prix chez le caviste « Ballon rouge », à Bagnol sur Cèze, est de 39€. Prix correct, bien que… A l’œil, il se présente avec une superbe et intense robe pourpre. L’élevage de cette cuvée a laissé apparaître des notes de fruits rouges, de réglisse tout en gardant une très belle finesse, caractéristique du terroir et des tanins très fondus. Peu de temps après qu’on l’ait avalé, sa finale est longue et ample. Nous l’avons accompagné de cette sublime daube qui mijotait, depuis de longues heures, dans une marmite en fonte. Le couple fonctionnait à merveille, l’un relevant l’autre, l’illuminant de toute sa splendeur. Les palais ne s’y sont pas trompés : il a obtenu une note de 8 sur 10, ce qui est assez exceptionnel pour les dégustations IVV…

Pour suivre… deux « Tardieu »… L’un « Vieilles vignes 2006 » et l’autre « cuvée spéciale, non égrappée, 2006» L’un était trop jeune, son nez libérait des notes de menthe, de poivre et de grenadine mais son  premier goût disparaissait trop vite en bouche et présentait une finale décevante. Les tannins, trop marqués, ont surpris l’assemblée qui l’a noté seulement 6,5 sur 10. Le second révélait une grande capacité à être gardé longtemps ou carafé le matin ; mais sa note n’était guère meilleure : 6,6 sur 10. Par comparaison aux autres vins, plus travaillés, issus de châteaux réputés, ils sont restés décevant. Mais il ne faut pas oublier que nous avions dans nos récipients des vins de choix et de qualité, malgré les différences ressenties entre eux.

Nous passerons vite là-dessus, pour arriver à une autre star. Presque une finale, une apothéose, avant la fermeture de l’œuvre… un « Chateauneuf-du-Pape, Domaine Henri Bonneau 2001 » Henri Bonneau produit le Chateauneuf-du-Pape le plus puissant et le plus ample des vins de la vallée du Rhône méridionale. Le personnage, haut en couleurs, est une  légende du monde du vin. Il produit des vins d’une complexité, d’une intensité et d’une richesse hors du commun. Bien entendu, un tel personnage ne peut pas vinifier autrement qu’en méthodes traditionnelles et suivant sa propre volonté ! Difficile de visiter le domaine, le vieil homme ne reçoit que lorsqu’il en a envie. Il vaut mieux trouver ses vins au « Ballon Rouge », cave de référence dont nous avons parlé plus haut. Mais, au moins une fois dans sa vie de connaisseur, il faut avoir goûté un vin d’Henri Bonneau ! Nico nous a parlé de « vins mythiques »… c’est peu dire ! Effectivement, de belles sensations s’offrent à nous, une fois versé dans le verre : un grand nez expressif, de l’encens, du bois, de la cerise et des pruneaux (moi, j’ai encore senti la framboise…). En faisant tourner, on imaginait un sanglier passant… Et pris en bouche, sa robustesse remplit le dégustateur. C’est l’effet cent pour cent grenache. Et pas de Syrah pour le calmer, le Bonneau. Du coup, son style puissant accompagnait subtilement notre soufflé de fraises aux deux poivres préparé par Lionel. Et la note a suivi : 7,3 sur 10… un pur moment de bonheur.

Petite musique de chambre pour terminer : une trouvaille à faire. Exercice de style pour les virtuoses et les solistes de l’orchestre. Une bouteille, couverte d’une chaussette. Laissons s’exprimer les artistes. Il est spécial, marron presque, c’est un vin très vieux. Il flaire la noix, ce qui confirme son vieil âge. Dans sa conception, Lionel nous propose deux possibilités : soit c’est un V.D.N (Vin Doux Naturel.. pour ceux qui ne le savent toujours pas…) soit c’est un vin naturellement doux (comprenez un liquoreux). Chef d’orchestre parfait, Serge nous dirige progressivement vers cette deuxième solution. Nous osons des années qui pourraient l’avoir vu naître (le vin, pas Serge !) 1960 ? 1950 ? Plus vieux encore ? Et oui, c’est de l’année 1947 dont il s’agit, pour ce Barsac du Domaine de Luze !

Un bouquet final d’exception pour une soirée qui fût dans les mêmes notes d’excellence ! Encore un grand moment, de bonheur, de partage et de bien être. Nous nous sommes quittés comme cendrillon, un peu avant minuit les yeux, le nez et les bouches comblés ! A la prochaine !

Iza

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